Annecy 2013 F I L   R O U G E   




 


 






Pauline m'invite à la rejoindre passer quelques jours au bord du lac d'Annecy.
Je ferai l'aller par le Jura, et le retour par Chamonix et la Suisse, à vélo.
Dans l'effort, on pense. On pense beaucoup, et on a pas le temps d'en garder quelques traces.
Ça file sur le chemin, et c'est entendu par les arbres, les ciels et la lumière.
C'est aussi forclos par la fatigue, l'hérésie d'être libre et d'entreprendre un tel effort.

Là, quelques mots pianotés sur un iphone.
Pour que tout ne soit pas perdu, les laisser vivre.
Un jour les reprendre et les travailler ...
Pauline est mal-entendante, et journaliste.
On parlait dans le train, d'un fil rouge
qui permettrait de parler de nos mondes respectifs.
Elle était avec deux amies, et tout se disait en langage des signes.
Ce monde du silence est aussi celui des artistes et des scientifiques.
On compose dans le silence et les maths ne font aucun bruit.
Le sourd au moindre signe se retourne dans son corps pour faire signe qu'il a entendu.
Cette évidence prend une place particulière,
surtout quand ceux qui entendent restent des sourds !







   




Lettre du Poète à l'Inconnu qui nous sauve.
La montagne est un écu qui te protège
Cherche au si-elle ce qui te sert et reviens parmi nous.

La marge entre le moi et le spéculaire est très très courte,                            
mais c'est là que peut se placer le langage, le pratique et pragmatique ...
—> spéculaire = au-delà du miroir
mais aussi d'une limite, écran, horizon

La barque est grande et elle grandit sans cesse.
C'est comme ce que tu cherches toi,
parce que tu cherches quelque chose que tu ne sais pas.
T'es-tu déjà posé la question : qu'est ce que tu ne VEUX pas entendre ?
Comme tout ce monde de silence - peinture - maths - architecture -
tout ça pour expliquer le silence.

Certes le corps est noué. Comment tiendrait-il ensemble sans cette tresse.
Mais ce qu'il y a à dénouer n'est précisément pas le corps.
C'est une invention à la place du corps et qui fait symptôme.

Sans doute as-tu un état de fée, au delà de ton corps physique et civique,
un état de présence surnuméraire, lumineux peut-être, comme chacun d'entre nous.
Entendre que tu vis et repères l'être où il est, quoi de plus beau ?

J'aime ton silence et en règle général, le silence des femmes.
C'est comme quand tu rentres dans une église, il n'y a rien, tu t'assieds, et tout est là, ça parle !

Le silence et les mains des femmes, cela me touche.
Peut-être les oreilles aussi, mais c'est déjà plus intime, il faut beaucoup de pudeur là.

Lever de soleil sur la petite Camargue près de St. Louis. C'est à nouveau la France.
Je pense beaucoup trop à toi. Mais somme toutes dans des proportions raisonnables.

Dans l'acte photographique je lui donne les fleurs à l'envers dans le vase qu'elle représente.
Là c'est mœbien. Le retournement que l'autre opère ( pour mettre les fleurs à l'endroit )
c'est le rapport à la castration, retour du miroir, Nom-du-Père. La photo est là !

Devant l'église de Basse-Hûttes, heureusement que je sais qu'il y a une sculpture en tilleul à l'intérieur.
Je reconnais quelqu'un d'autre dans l'autre. Là, c'est trinitaire. Tout cela est habillé de présence.

Pourquoi cette impression que des sourds entendent plus de choses qu'aucun autre entendant ?
Encore faut-il que leur désir d'entendre soit en adéquation à la vérité qui les, qui nous, anime.

J'aime l'être fille !
Mais il n'y a aucune pitié à avoir avec le ça de la connerie !

Rarement j'ai désiré voir une femme heureuse comme à présent.
C'est une représentation qui avance. Des rouages comme ceux d'une horloge ...
Depuis le jour où ma sœur m'a dit : 't'as vu ce que j'ai fait ?!'
Le temps s'est figé ; le 'ce que' n'a pas pu être entendu !
Qu'est-ce à dire si ce n'est que le désir de l'Autre s'est réveillé d'un autre pas.
Pauline a grandit. Ce qu'elle désire entendre est derrière des mondes occultes et inconnus.
Elle m'invite à la rejoindre et je fais 1000 km à vélo pour boucler la boucle : la voir heureuse.
Elle a parlé en signes, signant d'elle-même le signe de ce qu'elle entend dire.
C'est pour le moins un signe de Croix, une acceptation de la mort. 
À peine un effort pour le croire sans en perdre la tête. Pourquoi Diable entendre son souffle ?

J'ai toujours su que je suis nymphomaniaque. C'est à dire que je suis un peu de leur côté, celui des nymphes.
Mais leur corps est de lumière. Problème.
Qu'elles t'emmènent sur le pré, aux limites des conventions du Dasein, de l'être là,
les voilà déjà organisées en chaînes signifiantes et en figures d'une danse de l'ailleurs mais de l'ordre de leur propre corps.
Là, liberté d'un sens qui fait dire que nymphe est nymphe comme femme est femme.
C'est loin des prétentions conventionnelles et d'un ordre phallique convenu.

Il en faudrait là parler du rapport à la castration
qui n'a rien à voir dans le visible avec la constatation objectale d'en avoir ou pas.
Le rapport à la castration est un rapport issu du stade du miroir !
La castration s'opère face à ce qu'on appelle l'imago.                       —> il faudrait développer !

J'aime quand je sens le rapport de ta main à ton propre corps, et quand ta main touche mon cœur.
J'aime quand tu dis que tu es Pauline et que cela vient après un si grand silence.
La discrétion et l'ineffable sont d'une autre dimension. 
Il y a là un autre monde que celui du commun des mortels. Tu sembles seule à en être la source.

Marcher dans la même direction et s'aimer dans ce que l'on ne sait pas ...

Il va sans dire que je n'en sais pas grand chose de l'existence des sirènes.
Ce n'est pas pour autant que j'en nierai tout d'un bloc !
L'apprivoisement de yin se fait au yang et ce qui pour moi est corps, c'est le yin-yang.  

Marrant ou bizarre tous ces chiens de la mère incestueux !
Là il y a deux chemins : ou bien tu deviens un chien de la mère incestueux ou bien tu prends un autre chemin. Et à quel prix ?!

Tu viens parfois, c'est rare, comme pour faire un lotus. C'est une demande : fleur de lotus.

À nouveau la petite Chaumière qui me prends dans ses bras.
J'écoute seulement le silence, voir s'il est assez libre pour entendre ton souffle.

Les maths, c'est sans bruit et sans odeur.
C'est fait pour prouver la résistance. Une science du monde du silence.
Pas pour autant que c'est le monde des sourds. Les sourds doivent inventer comme un saut au dessus.
Pour entendre ce qui du monde est maths, le sourd le sait déjà.

Le nœud n'existe pas sans le dire. Il y a là une alchimie qui fait exister le nœud dans le dénouage de la parole. 
Le corps en tant que tel est du langage, un artifice de l'être.

Il n'y a pas de réalité sans une femme. Faire une mise en page est ce que je demanderai à toute femme.
Même pour faire un tableau, il faut bien que les bords soient chiffrés pour que le dire puisse y avoir lieu.
Et bien, c'est le féminin qui chiffre cela !

Comment va ta cheville ?
Quel amour j'éprouve qui sort de mes mains ! Tu jaillis de mon cœur.
Vas vivre ta vie auprès des autres, au cœur du monde qui a tellement soif ...

Je fais l'amour à ta vie - Tu as le temps suspendu.

La liberté de l'autre en seul atout.

Le deuil de l'autre, il faut tout le temps le faire pour lui laisser la place.
Faire le deuil du possible philosophique de la rencontre que l'autre représente est plus difficile : un silence ...

Pourquoi est-elle entrée en moi quand j'ai pris la photo ?
Voilà une question à la Pétrarque !
Aurait-elle un statut littéraire,
une position d'âme ou comme on dit, de lettre …
Un élément ou dix milliards d'éléments,
supports de lecture faite, opérés, barrés,
posés au creux d'un silence,
mystérieuse présence …

J'ai cru que j'ouvrais un chemin,
mais c'est le chemin qui ouvre,
et sûrement pas mon moi-je prétendant !

À vélo, je suis souvent convié à prendre place en un ´ Wo es war ´
dans le sens où c'est un fait d'écriture, un remake de scène primitive, dont d'ailleurs je sors en gueulant des invectives !
Ce chemin tracé comme un don de lumière fait texte d'autre, mais garanti, ça n'est qu'un trou.

À la question, aimerais-tu être psychanalyste, je réponds,
j'aimerai me servir de la psychanalyse pour faire ce qu'un artiste fait :
c.-à-d. faire un objet de vérité, plutôt dire la vérité par un objet, enfin, donner une chance à la vérité ...

Col : le corps a une limite mais la montagne aussi. On adapte son corps à la montagne.

Enchâssé de l'Autre, quel qu'il soit,
je crois que je vais tomber amoureux de mon aquarium.


AW


 




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